09 septembre 2006


Depuis une décennie, l’Afrique du sud connaît une véritable métamorphose politique.
L’abrogation des lois de la ségrégation, la libération de Nelson Mandela en février 1990, puis l’organisation du premier scrutin multiracial ont marqué la décennie écoulée. Et l’élection de Thabo Mbeki au printemps 1999 a parachevé ce processus institutionnel.

Cette géopolitique de l’Afrique du sud rassemble et place en perspective les éléments permettant de saisir les différentes facettes de ce pays.
Puissance tous azimuts, l’Afrique du sud constitue en premier lieu, sur le plan économique comme militaire, le pilier du continent noir. Mais la place géostratégique de l’Afrique du sud, comme le rôle des conglomérats tels l’Anglo-american ou Goldco confèrent à ce pays une place également de premier plan sur la scène internationale.

Le chapitre L’Invention d’une nation retrace les soubresauts historiques du pays, car seul cet héritage permet de comprendre l’actuelle situation politique.
Toutefois l’Afrique du sud contemporaine reste toujours marquée par des distorsions sociales, par des clivages idéologiques et religieux particulièrement prononcés, lui permettant ainsi de se qualifier comme étant Le Monde dans un seul pays.

Aujourd’hui le mécanisme institutionnel enclenché voici dix ans permet à l’Afrique du sud d’apparaître désormais comme un laboratoire, véritable modèle pour le continent noir. Mais les revendications sociales, le souvenir des années d’apartheid, les secousses économiques rendent ce processus particulièrement périlleux.
Le dernier chapitre de cet ouvrage met en relief la politique étrangère sud-africaine menée depuis près d’un demi-siècle.

L’Afrique du sud demeure un sujet éminemment géopolitique, un territoire où la géographie est utilisée à des fins politiques et militaire.
L’apartheid ne peut se résumer à une sinistre discrimination en fonction de la couleur de la peau. En effet l’apartheid consistait en un ambitieux projet géopolitique, d’utilisation à des fins politiques et militaires de la géographie.
Rassembler les peuples noirs sur des fragments de territoires dénommés bantoustans, puis leur accorder une indépendance formelle. Partager le territoire pour ne pas partager le pouvoir.

Les premières années de la présidence Mandela puis de son successeur Thabo Mbeki n’ont guère étanché la soif des aspirations sociales, tant exprimées lors du scrutin d’avril 1994. Cependant, le scepticisme ambiant ne doit pas occulter cette évolution historique fondamentale.
Voici quinze années nul ne se hasardait à prédire une évolution sans séismes de l’Afrique du sud. Pourtant le démantèlement de l’apartheid a été mené de manière concertée. Malgré les séquelles du passé, tous les Sud-africains, qu’ils soient Zoulous, Xhosa, Tswana, Afrikaners ou encore métis, savent que la Nouvelle Afrique du sud ne pourra se construire qu’ensemble, pour que la nation arc-en-ciel ne soit pas qu’un rêve momentané.

Géopolitique de l'Afrique du Sud, François Lafargue, Editions Complexe, 2005