20 avril 2008


Le "système de production Toyota" est désormais connu dans le monde entier. Il a fait des émules et ses méthodes de management sont présentées comme un des éléments de la réussite incontestable du groupe automobile japonais. Pourtant, ce succès industriel ne se fait pas sans "casse" humaine. Kamata Satochi, journaliste d'investigation japonais, s'est fait embaucher pendant plusieurs mois sur une chaîne de Toyota. Toyota, l'usine du désespoir est le journal qu'il a tenu pendant cette période. Stress, maladies professionnelles, suicides : cela se passait en 1976. Cela se passe toujours aujourd'hui. Kamata Satochi nous montre l'envers du décor du miracle Toyota.

Premier producteur mondial d'automobiles, Toyota est également le plus rentable. Quel est le secret de cette réussite exceptionnelle, souvent présentée comme un modèle ? Pour le comprendre, il faut se rendre avec l'auteur au coeur du système Toyota, dans les usines de Nagoya au Japon. Au fil de ce document, véritable journal autobiographique, Kamata Satochi relate son expérience quotidienne d'ouvrier intérimaire sur les chaînes de montage. Dans ces usines, les plus performantes du monde, c'est le règne de la fatigue et du stress provoqués par l'augmentation constante des cadences de production et les horaires variables dûs à la flexibilité de la production. Le travail en équipe, présenté comme un progrès, fonctionne en fait comme un redoutable mécanisme de pression exercé par les ouvriers entre eux. Les changements de poste fréquents, décrits comme un élargissement des compétences, alimentent le stress et les risques d'accidents. L'augmentation continue de la productivité, le fameux "système de production Toyota", peut engendrer maladies professionnelles, accidents et, dans des cas extrêmes, suicides. La titularisation éventuelle des intérimaires sert de levier pour réduire leurs protestations dans un système qui laisse peu de place aux syndicats.

A l'usine Toyota de Valenciennes, dans le Nord de la France, comme au Japon et partout dans le monde, les méthodes de management de type Toyota dopent les profits des entreprises. Sans souci du prix payé par les travailleurs.