12 novembre 2006


Situé sur l’itinéraire de la Route de la soie, ouverte par Marco Polo au XIIIème siècle, le territoire actuel de l’Afghanistan fut au cœur des grandes invasions et des grandes migrations de l’Antiquité. Défilèrent notamment sur ces terres, les soldats de Cyrus le Grand au VIème siècle avant notre ère, puis ceux d’Alexandre de Macédoine , deux siècles plus tard et de Gengis Khan au XIIIème siècle. Il reste de ces conquêtes, un patrimoine archéologique comme les temples bouddhiques, les monastères indiens décorés de somptueuses fresques et des objets vestiges d’une époque fastueuse . Mais ceci n’enlève pas à l’Afghanistan son image de pays médiéval, vivant en retrait du monde contemporain. Et, en ce début de troisième millénaire, le mouvement des taliban avec ses exactions barbares et sa rhétorique fanatique a conforté ces clichés.

Habib haider et François Nicolas à travers cette synthèse remarquable dresse un portrait de l'Afghanistan, près de six ans après la chute des talibans en septembre 2001.
Depuis les Attentats contre le WTC, de nombreux auteurs, se sont proclamés spécialistes de l'Afghanistan, de l'irak ou de l'islamisme, pour ne proposer que de plates réflexions.

Cet ouvrage est le fruit d'un réel travail et surtout d'une compétence indéniable, l'un des meilleurs ouvrages sur la question avec ceux de Patrick Dombrowsky et de François Lafargue.

Les auteurs écrivent :"Ce livre est beaucoup plus qu'un constat. Il l'établit, certes - vous y trouverez un panorama lucide et complet de la situation afghane actuelle, englobant les rappels historiques indispensables pour comprendre le présent ; particulièrement, la construction de l'Etat afghan depuis le XVIIIe siècle. Préparer un développement durable pour le pays est l'impératif premier à respecter dans une reconstruction qui restaure des conditions de vie minimales. Données et chiffres, ici, ne sont jamais dissociés du souci et de la perception fine d'une communauté plongée dans une situation catastrophique, mais ne manquant pas d'atouts pour que les Afghans n'occupent plus le triste podium des peuples les plus pauvres de la planète.
Car les solutions existent et les auteurs, économistes tous deux, proposent des pistes cohérentes, respectueuses d'une évolution sans excès de hâte, riches d'une connaissance profonde des mosaïques
humaines du pays. La population afghane se demande quels sont les objectifs poursuivis par la communauté internationale et le gouvernement
afghan. Elle a constaté tout à la fois que des pouvoirs parallèles se sont édifiés avec les aides financières internationales et l'argent de la drogue, et qu'il n'y a pas eu la création des marchés et des emplois promis pour améliorer son bien-être matériel. L'Afghanistan n'a pas besoin qu'on lui déverse à l'aveugle des sommes faramineuses distribuées avec autant de bonne conscience que d'ignorance. Il a besoin d'aides intelligentes, localisées, et à lire ce livre on appréhende deux réalités peut-être inconfortables, mais utiles à intégrer : la chute des forcenés talibans n'a pas redressé d'un coup de baguette magique un pays saigné à blanc par les guerres, et... il est urgent de bien agir."